Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Mon voyage au Nepal

17 mars 2012

01 mars 2012 "Ma nuit dans le bus"

Durant le trajet en bus (de nuit) jusqu'a Bardia, ils ont mis des chants nepali superfort, en éteignant toutefois la lumiere, qu'ils rallumaient de temps a autre, en baissant la musique. Cherchez la logique...
La musique etait si forte qu'a la descente du véhicule, Jess et moi avions les oreilles complétement bouchées.
Et puis, comme une imbécile, je n'ai pas pensé au fait que la nuit, il fait FROID. Tongs et sarwel sont fortement déconseillés lors d'un tel périple. Le froid m'a empechée de dormir. Ca, plus le bercement tres vivant du véhicule qui dansait (sautait) au gré des embruns de la route irrégulière.
A un moment, je suis allée squatter l'arrière du bus, cherchant un peu plus de confort en m'allongeant de tout mon long sur la banquette de sièges vides. Vides, et pour cause !
Mon corps entier, malgré l'horizontalité de sa position, faisait des bonds de minimum 10 centimètres. J'ai failli choir de tout mon long, et ce a plusieurs reprises.
J'ai tenu environ une demi-heure, avant de retourner m'asseoir sagement a l'avant aux cotés de Jess qui elle, a dormi comme un bébé ! La veinarde. Meme la dizaine de pauses-pipi (sans gonfler le nombre) durant la nuit ne l'ont pas fait broncher.
On perd en pudeur et en préciosité, a pisser au bord d'un route obscure face a une dizaine de Nepalais, je peux vous dire !

Apres un blocage provisoire au petit matin, du a la panne d'un gros bus sur une etroite bande de béton, nous sommes parvenus dans un village paumé, "Bodigaon", ou nous avons pris un petit-déj pour le moins mérité, si ce n'est attendu : dhaal bat, viandes, poisson, thé. Apres de pénibles négociations au cours desquelles on nous proposait divers moyens de transport pour le moins originaux (motocyclette -j'y aurais mal vu Jess et son 75L-, charette, bus qui passe dans 5heures, jeep à 3000 roupies -soit 30 euros... Une fortune pour ici !- et j'en passe...) nous nous sommes décidées pour un microbus qui allait à Ambassa, et qui nous a posées pas loin de la région des Guesthouses.
Et c'est ainsi qu'apres plus de 15 heures de bus, après avoir évite de justesse un accident -notre dernier bus a failli percuter de plein fouet un gamin de meme pas 10 ans- , nous sommes parvenues a destination : Bardia !

L'endroit est d'une paisibilité inédite, et vide de touristes. Hourra !
On n'entend que le bruit des oiseaux, des nombreux insectes, ainsi que le grincement agréable des bambous géants, qui se frottent les uns contre les autres avec des gémissements plaintifs, comme pour sommer le vent d'arreter son manège.
Il fait extremement chaud, et apres une séance photos très satisfaisante (zooms de papillons, plantes et araignées), je vais faire une balade a proximité de la jungle avec Jess.
Demain, les choses sérieuses commencent : Bardia est l'un des endroits les plus réputés au monde pour l'observation des tigres et des léopards. J'espère que nous aurons de la chance...

J'entends un paon sauvage miauler au loin.

 

23H

Notre guesthouse, "Jungle Base camp", se situe a quelques dizaines de metres de l'entrée du parc. Celui-ci abrite éléphants, rhinocéros, tigres, serpents, crocodiles, gavials, léopards, macaques, singes blancs a tete noire, loutres, ainsi que plus de 300 espèces d'oiseaux : hérons, paons, canards sauvages, perroquets, cormorans, aigles, et meme de petits piafs aux couleurs si vives qu'on pourrait les croire artificielles : les "sun birds" .

Publicité
Publicité
9 mars 2012

Derniers jours a KTM avant Bardia 27, 28, 29.

27 au soir, soiree francophone
Apres avoir ete faire retoucher mon tatouage dont les couleurs etaient devenues floues, j'ai socialise avec des gens au Organic Coffee, et me suis fait inviter a manger en compagnie d'une troupe de francophones.
J'ai passe ma soiree avec une quinzaine de personnes ( 7 ou 8 Francais, 3 Italiens, 1 Belge, et une autre Genevoise).
J'ai ete "conviee" au repas par Myriam, la Genevoise, et Mario, un Francais.
Arrivee au rooftop de "La Casa", lodge dont le toit est une cuisine communautaire, et qui dispose d'un salon avec fauteuils, table basse et decoration new age (representations de Bouddha psychedeliques, entre autres), j'ai commence a faire connaissance avec tous ces gens reunis par la force des choses, dont tres peu se connaissaient finalement.
Nous attendions que les Italiens, trio survolte et tres motive a cuisiner pour tout le monde, ait fini de preparer des pates aux legumes en quantite industrielle, qu'ils nous ont servies avec de la Sangria (cherchez l'erreur) ... :)
Peu apres, Jessica, Gom et Amelie ont debarqué ! Eux aussi avaient ete convies a la soiree, par d'autres Francais avec lesquels ils avaient sympathises. Amelie est une nouvelle volontaire pour l'association APC (au sein de laquelle travaillent Maya et Anna) qui s'occupe des enfants des rues, comme Solhimal. Je l'avais rencontree par hasard le matin meme en prenant mon petit dejeuner. Bref, je crois que tous les francophones du coin etaient presents.
Un peu plus tard, c'est Matthieu qui est arrivé, nouveau volontaire, infirmier ami de Cécile, il effectue les rondes de nuit. Il a débarqué, des images glauques plein la tete, des gamins qui se battent, des membres gangrénés, des sniffeurs de colle exploités, des flics aux coups faciles...
D'un cote, l'entendre nous vider son sac a quelque peu plombé l'ambiance (soirée a la roots, shiloms, plaisanteries) mais de l'autre, j'ai beaucoup apprécié l'intervention : il est en effet si facile de se lover dans le confort d'une guesthouse, d'acheter du shit, de fermer les yeux, d'écouter du reggae, et de passer ainsi quelques semaines a vadrouiller entre Kathmandu et Pokhara, avant d'aller en Inde ou en Thailande, et de dire : "le Népal? Mais ouais, couz, j'l'ai fait le Népal, c'est tranquiiiiille !"

Bref. Sur la fin, la soirée m'a énervée. Mollesse ambiante ? Peur du reflet potentiel que m'offraient ces gens a qui je ne veux surtout pas ressembler, sans réaliser que c'est déjà le cas ?

Je suis une sorte d'hybride, aimant la compagnie sporadique de ces "hippies" modernes, qui n'ont de "hippie" que l'hygiene et les gouts musicaux, les snobant toutefois dès qu'il s'agit de parler "sérieusement".
Je ne peux pas non plus prétendre faire partie de la communauté "ONG"  qui englobe, pele-mele, Amelie, Alizee, Navraj, Matthieu, ces gens qui plus que tous les autres, ont une reelle raison de se trouver la.

A l'instar des backpackers, je n'ai aucune légitimité ethique a voyager, si ce n'est celle de mon bon plaisir.
Et, a l'instar de mes potes qui bossent pour des asso (parce qu'ils ont les diplomes pour, EUX.), j'ai envie d'aider a changer les choses, j'ai envie de donner et non, uniquement, de prendre.
Alors, "ke garne" ? ("que faire") ...

 

28-29 Février.

Peu motivée, journées passées a "glandouiller" (parce que, finalement, c'est vrai que je suis avant tout en vacances !) avec mes nouveaux "potes" du Organic Coffee :
Laura, Allemande de 23 ans toujours motivée, Warner, le masseur Hawaien de 35-40 ans, que je soupconne d'etre gay, Giovanni, l'Italien que Thomas et moi avions rencontré a Pokhara, et qui crèche dans la meme guesthouse que moi, Eric, l'Americain barbu du Colorado, qui nous a expliqués que "Colorado", en népali, c'est une insulte (Kalo=noir, lado=bite. Colorado, selon la pronociation, c'est la "bite noire". Hahahahahahaha !!!), Lhundup, le Tibétain au regard perçant qui vit avec des nonnes, sans oublier les gens que je connaissais d'avant, Alizée, Kushal, Amar.
Celui-ci, juste avant mon départ pour Bardia avec Jess, m'a offert un pendentif en argent, "Hesila" en alphabet newar. Hesila, ça veut dire "rayonnante" (beauté, joie) d'après ce qu'il m'a expliqué.
Le pendentif est vraiment beau, j'en suis très touchée.

C'est le 29 février que Jess et moi nous sommes embarquées pour Bardia. Le bus a quitté KTM vers 17h.
Après avoir maté un film népalais, histoire d'amour style Bollywood (a la fin, les amoureux se touchent -enfin!- ... Ils se prennent la main. J'ai failli avoir un orgasme durant la scène. - Pour ceux qui me lisent sans me connaitre, ceci est ironique - ), nous nous sommes arretés pour manger vers 22h.
Boui-boui ou nous avons empli nos estomacs affamés d'un dhaal bat très épicé. Le poulet était d'une étrange consistance, spongieux, et selon les morceaux, la texture avoisinait celle de l'agneau. En 1 mot : degueulasse.
Je n'ai pas pu m'empecher de repenser a ce qu'Amelie, la jeune photographe de Chitwan, m'avait dit : quand les poulets sont trop bourrés aux hormones, leur viande devient méconnaissable. Petit bad...

1 mars 2012

27 fevrier, KTM

J'ai l'impression de ne rien faire lorsque je suis a KTM. Je me repose un peu, ca fait plaisir de se sentir "chez soi" dans l'intimite de ma lodge de la Green House, qui continue a me faire payer 200NR au lieu de 300, 350.
Je passe mon temps a recopier mon journal, a voir des gens et a me reposer.

Les derniers jours d'HASERA en 2 mots :
- le 24 fevrier, nous avons presente nos travaux de design, et pour etre honnete je pense que notre expose etait celui qui presentait le plus de lacunes. Manque d'organisation interne de notre team, communication ardue et parametres d'etude peu aises : les terres de notre ferme etaient tres dispersees, et le temps que nous ont accorde nos sujets d'etude (ses habitants), tres court. L'equipe d'Alban, quant a elle, a de mon point de vue presente le dessin le plus prometteur et realiste. Nos examinateurs etaient au nombre de 3, et ils ne se sont pas prives de commentaires, autant negatifs que positifs. Analyse globale interessante. J'ai tout de meme ete un peu decue de notre prestation, mais les critiques constructives nous permettrons de ne pas reproduire les memes erreurs.

Qu'a cela ne tienne, le 25 fevrier au matin, tout le monde a decroche son certificat, recevant au passage un petit cadeau et une "tikka" (point rouge frontal) effectuee par Mithu.
Apres un brunch succulent (genre daal bhat ameliore), toute l'equipe a pris la route pour Kathmandu, afin d'assister au sommet national annuel de NPG (Nepal Permaculture Group). Malheureusement, les conferences etaient donnees en nepali, sans traduction aucune. Alban et moi avons donc decide de nous en aller, et c'est ainsi que nous sommes rentres en milieu d'apres-midi a Freaks st.

La, j'ai a nouveau la bougeotte. D'ici 2 jours maximum, je serai partie pour Illam (coeur de plantations de the situe a l'extreme est du pays) avec Ruchiu, ou pour Bardia, parc national peu prise par le tourisme et egalement tres eloigne de la capitale : 20 heures de bus en direction de l'ouest, dans la region du Terai. J'acconpagnerais Jessica, amie de Gom et Maya, et ornithologue amatrice.
Mes journees a KTM passent lentement, au rythme des moments que je passe avec les gens : Kushal, le Nepalais Chetri de Freaks st., toujours motive a me balader quelque part, Alizee, "country director" de Solhimal, asso pour les enfants des rues, chez laquelle je m'invite boire le the et papoter entre filles, Amar, le bijoutier quadragenaire si adorable, ainsi qu'une flopee de backpackers fraichement debarques, qui trainent souvent pqr intermittences au Organic Coffee, mon QG exterieur. Cette vague d'occidentaux change un peu l'ambiance du coin, qui se fait plus mercantile.
Le temps s'est rechauffe, et attire les touristes comme des oiseaux migrateurs. Faux hippies, trekkers sur le retour, intellos, alternos, retraites, fumeurs de joins, voyageurs en transit, amoureux de KTM sur le retour, jeunes filles en quete de nouveaux horizons, francophones gregaires, Italiens dragueurs, Nepalais en vacances, on croise de tout.

29 février 2012

23 fevrier, Hasera Farm

Plus que 2 nuits a la ferme.

D'un cote, la "vie normale" me manque, et de l'autre, ca va vraiment me faire bizarre de quitter tous ces gens a la fois, avec lesquels j'ai pqrtage mon quotidien durant plus de 10 jours. C'est toujours comme ca. Je suis d'une nature nostalgique.
Aujourd'hui, nous avons planche sur notre "permaculture design" final, c'est a dire un schema tres detaille des ameliorations (entre autres ecologiques) que nous pourrions apporter a la ferme qui nous a ete attribuee. Je suis preposee au "design" a proprement dit, dessin d'une qualite quasi-architecturale du batiment (zone 0) et de ses champs (zones 1 a 5). C'est cool, mais je pete un plomb : je suis nulle en geometrie... :)

Ce soir, pour la premiere fois, nous sommes tous sortis "boire un verre" pour decompresser. Seul Tarri (le vieux paysan du groupe d'Alban) manquait a l'appel. Nous etions un groupe braillard de 11 personnes, de 24 (moi) a genre 60 ans, tous entasses dans une mini-echoppe, a boire du rawksi de qualite moyenne. Ma capacite a communiquer s'ameliore : je sais a present dire : "tato/shiso rawksi dinus" ! (donnez moi un rawksi chaud/froid)...
En rentrant, nous chantions tous joyeusement (en Nepalais) sur la route. Mythique.
Pour le detail auditif, je vous laisse chercher "Simple simple" et "Ressam Pfiriri", que je commence a fredonner egalement.
Demain, nous presenterons nos travaux a des experts en permaculture, differents secteurs, afin de nous faire evaluer et recevoir notre certificat. Je flippe un peu, nous manquons de precisions pour beaucoup de choses, en raison du peu de temps que Jammuna a pu nous accorder a chaque fois : il aidait a preparer un mariage...
Bonne nuit.

29 février 2012

22 Fevrier 2012, HASERA farm

20 fevrier
Journee passee sous le theme "insectes" (plus generalement "faune de petite taille"). Nous avons occupe une partie de notre matinee a essayer de de capturer le maximum de petits organismes. A genous, fouillant dans des buissons, entre des feuilles de chous ou sous des pierres, allant meme jusqu'a soulever le compost, je m'en suis donnee a coeur joie, creusant la terre a la recherche du lombric, ou courant apres des cloportes fuyantes. Je crois que j'etais la plus motivee, j'ai meme reussi a ramener un lezard ... :)
Apres un cours d'entomologie passionnant, ou nos trouvailles ont ete identifiees et presentees globalement, nous sommes alles visiter "nos" fermes, equipes d'eprouvettes millimetrees : la mission etait de mesurer l'equilibre du substrat des crops.
Notre groupe (Ram, Git et moi) a ainsi constate que le taux de sable et de matiere organique des terres de Jammuna etaient largement insuffisants par rapport au taux de glaise present. Situation qui donne un sol pauvre en nutriments, dont les racines ont de la peine a crocher la terre profondement.

Lorsque nous sommes rentres de nos fermes, Rabindra est venu m'avertir que la foret ou je me suis rendue de bonne heure il y a moins de 5 jours etait un endroit peu recommande pour des balades en solo, surtout aux aurores : elle a ete recemment le theatre d'une attaque de tigre, celui-ci est connu pour frapper le matin.
J'ai nerveusement eclate de rire, malgre la triste veracite des faits. Cela me semble tellement surrealiste, style conte pour enfants ! Mais non. L'an dernier, 2 enfants ont ete tues par ce meme tigre.
Du coup, plus personne ne fera de balade matinale, cette periode de l'annee etant la plus dangereuse.
Point positif : mes 10 voisins de palier sont refroidis aussi. Je vais arreter de me faire reveiller a 4 heures du matin au son de "Gangaaa, Saaagaar! Come, let's go for morning walk!"

Puis, au cours de la soiree, une mauvaise nouvelle m'a fait l'effet d'une douche glacee. Mon oncle, atteint d'une tumeur depuis quelques mois, risque de nous quitter tres bientot, emporte par la maladie. Son etat est grave et toute ma famille est a son chevet.

Manque de synchronicite, cette soiree du 20 fevrier est particuliere pour les Nepalais : c'est en effet la fete de Shiva, "Shiva ratri" (nuit de Shiva). A cette occasion, des Sadhus de tous horizons se regroupent a Pashupatinath, ou de l'herbe est proposee librement par des femmes agees et des gamins imberbes. C'est le seul jour de l'annee ou le gouvernement autorise ouvertement la consommation de cannabis dans le pays. Ca a l'air dingue. Bien sur, nous sommes sobrement restes a la ferme Hasera pour celebrer la chose.

Notre "micro-communaute" a simplement fait un feu gigantesque, autour duquel tout le monde a chante et danse. Quelques joints d'herbe legere tournaient, interessant de remarquer que la plupart des gens etaient non-fumeurs mais qu'en cette occasion speciale, ils se forcaient a tirer une ou deux bouffee, par devoir religieux. D'humeur morose, cynique et pour le moins demotivee, j'observais la scene de loin, machouillant un batonnet de canne a sucre fraichement coupe (ce qui d'ailleurs est succulent).
La soiree aurait pu etre tres agreable pour moi si j'avais reussi a me mettre dans l'ambiance.
_______________________________________________________________________________________________________________

21 Fevrier

Hier, nous avons visite 3 fermes : une tenue par le Gouvernement, une adepte de pisci-culture, et la derniere permaculture "bio-intensive" tenue par un Californien retraite. Pour etre honnete, j'ai passe la journee totalement deconnectee, a penser a mes tracas familiaux.
_______________________________________________________________________________________________________________

22 fevrier

J'en ai marre. Je commence a peter un plomb en raison de la proximite constante de tout ce beau monde. Envie, BESOIN de solitude. Mon mode de fonctionnement interne occidental (s'isoler dans la souffrance) tranche violemment avec l'esprit de groupe de mes compagnons momentanes qui ne cessent de me jeter des sourires et des regards inquiets en coin. Je suis eteinte. Envie de parler a de vrais proches, d'etre consolee, de vider mon sac. Je me replie.

18h
Govinda m'a dit ce matin (devant tout le monde, c'etait embarrasant) "lorsque Ganga rit, c'est la nature entiere qui rit avec elle. Mais depuis peu, la nature se tait.
Jolie formulation pour me faire remarquer mon manque d'entrain.
Voila une dizaine de jours que je me fais appeler "Ganga" (riviere sacree du Gange) et je m'y suis agreablement habituee.
Je pense a ma famille, qui vit de penibles moments aupres de mon oncle souffrant, en Suisse, et je me sens plus a l'image d'un ruisseau tari que d'un fleuve prolife.
J'ai de la peine a me concentrer, je n'ai pas envie de rentrer non plus, mais en ce moment mes proches me manquent comme jamais. Et puis, je ne sais pas vraiment quoi faire apres mon aventure a Hasera. Debuter une session de 10 jours en meditation Vipassana me semble mal approprie vu l'imminence d'un drame familial. Effondrement latent, je suis epuisee.

Aujourd'hui, nous avons eu une introduction socio-economique (Permaculture Management) donnee par l'un des responsables d'OCN (Organic Certification Nepal).
Passage en revue des investisseurs et diffuseurs de masse principaux du mouvement, etude du cycle des innovations technologiques, le tout etudie dans la "salle de classe" de la ferme : un local au sol de terre battue et au toit de tole, ou nous siegions sur des coussins disposes sur un tapis de rafia.
Puis, nous sommes retournes a "nos fermes" afin de rassembler les derniers elements dont nous avons besoin pour notre design final, et avons fini par aller boire une biere au mini-shop du coin, Alban, Git, Ram, Jash et moi. Nos 2 groupes sont "concurrents", mais il n'y a aucune rivalite. Au contraire, tout le monde s'aide et se donne des conseils.

Publicité
Publicité
29 février 2012

26 Fevrier, Kathmandu

Il est 6h30 et je suis eveillee depuis un moment deja. Ca m'enerve.
J'ai entendu les derniers chiens errants se retirer des rues en aboyant, j'ai entendu les mantras matinaux d'un fidele qui revenait des temples, j'ai entendu la ville qui s'eveillait sous les raclements de gorge des citoyens aux poumons gorges de pollution. J'ai entendu les corbeaux croasser, les canalisations de la lodge s'agiter. Tous les sons me semblent glauquissimes.
Et j'ai un creux au ventre et je n'ai pas envie de me lever pour aller errer dans les rues encore desertes.
Mon oncle nous a quittes hier.
Et c'est trop, trop a assimiler d'un coup. J'ai beaucoup de mal a realiser. Ma peine est saccadee, juste quelque chose de desagreablement palpable qui me tord l'estomac.

28 février 2012

19 fevrier, Hasera Farm

18 fevrier, soir.

 La nuit commence a tomber, et ce soir nous mettons tous la main a la pate afin de cuisiner un mets de chez nous. Soiree culinaire multiculturelle ! Me voyant mal faire une fondue, j'ai opte pour un plat philippin, un "chicken adobo". Pas complique, tres "tasty" : c'est une marinade a base de soja et de vinaigre blanc. Surement plus digeste qu'une fondue, pour des Asiatiques ! Il y a de bonnes chances pour que ceux d'entre nous qui ne sont pas vegetariens (environ la moitie) apprecient.

_______________________________________________________________________________________________________________


19 fevrier

Gros mal de tete ce matin. Hier, la soiree boustifaille de tous horizons s'est tres bien deroulee. Mon adobo a ete litteralement devore, il n'en restait rien ! Tres contente.
Il y avait aussi du poisson cuisine par Ruchiu, des oeufs en salade version nepalaise ainsi qu'une puree de patates epicee prepares par Git, un concasse de legumes varies d'une teinte rouge tres appetissante, et des sortes de rissoles fourres a la pate de cachuetes (plat newar) fabriquees par mon homonyme Ganga.
Tout le monde ici m'appelle "Ganga" (la riviere, symbole de fertilite et de mouvement), et Alban "Sagar" (Ocean, grandeur et source). Je m'y suis habituee, j'aime bien.
Pour le dessert, nous avons eu droit a des patisseries de type "gulab jammun" (boules de pate frites a base de lait concentre)  concoctees par Ruchiu (Alban en a roule 2 ou 3 lors de la confection, histoire de dire qu'il a participe, tout comme ceux qui n'ont rien fait). Ganga nous a servi en accompagnement du "cafe mustang", xeres pur, miel et cafe chaud. Nous en avions egalement bu a l'apero. (simplement le xeres, genre 40% d'alcool), ce qui explique mon mal de tete matinal. Ici, on appelle cela du "rawksi", fabrique a partir de riz fermente.

Les Nepalais ont ensuite improvise un "doori", sorte de suite de chants folkloriques populaire connus de tous, sur lesquels (a mon grand dam) il faut... danser. Danser local, s'entend. Genre Bollywood. Ceci expliquant pourquoi j'ai bu plus que les autres. :)
Toute la famille de Govinda (Mithu, Bigyian et Bibek) etait egalement presente. Ambiance festive et familiale, j'ai l'impression que nous nous sentons tous bien ici.

_______________________________________________________________________________________________________________

 

Ce matin, le cours de Govinda a porte sur la qualite des sols et sur la maniere de tester ceux-ci, de maniere visuelle, au toucher, ou encore grace a des techniques de chimie appliquee en utilisant de l'hydrogene peroxyde. Ne me demandez pas ce que c'est, j'ecris le nom juste pour me la peter un peu :) !
Les cours deviennent a la fois tres pousses et tres concrets. Ah, quelle joie de mettre les mains dans la terre !!!
Nous avons aussi etudie la biodiversite des sols, ce qui m'emplit, sans exagerer, d'un indescriptible bonheur.

Je viens de passer un an et demi a emmerder des gens dans la rue avec des principes ecologiques vitaux et essentiels, je me suis fait envoyer peter des MILLIERS de fois (sans exageration), ayant l'impression de pagayer seule, a contre courant, dans une barque pourrie que personne ne desirait vraiment mener a mes cotes. Je me suis sentie seule, seule comme jamais.
J'ai fait un burn out il y a quelques mois, avant d'abandonner mon poste de "sensibilisatrice de masse" pour le compte de "Pro Natura", avec l'impression d'avoir perdu le sens de ce que je faisais.

Et d'un coup, je me retrouve a PRATIQUER ma theorie, a l'approfondir, a en vivre tout le sens au quotidien, aux cotes d'une dizaine de personne pour la plupart tout aussi concernees que moi. Je vois et profite des effets directs de la permaculture, je realise qu'il y a des gens qui sont vraiment prets a changer de mode de vie et de pensee, au lieu de donner un quart de dixieme de millier de leur salaire a une organisation dont ils auront oublie le nom et la cause le lendemain.
Ici, personne ne brasse de l'air, nous avons tous conscience qu'il est bien trop precieux pour cela.

Nous sommes a la moitie de notre sejour a la ferme, et j'apprehense deja le moment ou nous lui dirons adieu.
Je crois avoir trouve en partie ce que je cherchais desesperement.

Ai-je deja dit que j'etais heureuse ? :)

_______________________________________________________________________________________________________________

17h45

Aprem tres constructif.
Git Ram et moi avons un peu plus fait connaissance avec la famille de la ferme qui nous a ete attribuee.
Celle-ci porte le nom enchanteur et tres creatif (je plaisante...) de "Patalekhet 3". Patalekhet etant le nom du village ou nous sommes.
Le lieu heberge 6 personnes. Jamuna, le pere, Gayatri, la mere, Chala Kumari, la grand mere -une adorable mamie toute fripee de 68 ans qui tousse a faire peur-, Asmita et Sabina, les 2 filles de 13 et 16 ans, et Yeges, le bebe de 2 ans. Pendant que nous parlions, celui-ci essayait vainement de guider la chevre familiale pres de l'etable, en tirant sur la corde qu'elle avait au cou. Il y mettait toutes ses forces, c'etait adorable.

 

26 février 2012

18 Fevrier, Hasera Farm (encore et toujours)

Ces 3-4 premiers jours etaient un peu longs niveau dynamique de groupe : principes ecologiques basiques, culturellement integres pour certains, totalement nouveaux pour d'autres, explication approfondie de l'etat d'esprit "permaculturel" ( le but etant de composer un systeme ou chaque forme de vie puisse equilibrer les autres dans la perennite, afin de ne rien leser, humains, communaute, animaux ou plantes, en prenant exemple sur la nature. En gros, c'est une forme de creation d'une "supernature"), etude des differentes coutumes selon la culture et les origines de chacun, ce qui m'a fait constater que les pays occidentaux sont paradigmatiques en termes de "non-culture moderne", ou, formule autrement, adeptes de la "culture globale".
Interessant de constater qu'au Nepal, selon les castes ethniques et les villages, les us peuvent enormement changer. Il est egalement fascinant de realiser que l'Asie en general fonctionne toujours sur un mode communautaire, meme dans les lieux dits "developpes". Tendance que nous, "Western People", avons totalement abandonnee.
Perdue dans mes reflexions, j'emets l'hypothese que la nature humaine est versatile, impalpable, en constante evolution de par sa nature meme, et, par consequent, insaisissable, car multidirectionnelle. C'est FOU. Bref. Je m'egare.

Aujourd'hui, nous sommes passes aux choses concretes, a savoir recolter le maximum de biodiversite vegetale dans le terrain de la ferme, avant d'avoir droit a une explication en regles de leurs vertus et inconvenients, ainsi que leurs besoin et leurs preferences (eau, chaleur, ombre, soleil, secheresse, sol riche ou pauvre en nutriments ou en sable, etc). Biologie appliquee, tres interessant.
Chaque jour, nous mangeons majoritairement les produits de la ferme.
1) Le matin, vers 7h, nous avons droit a du the, soit du massala prepare avec les epices du jardin (girofle, poivre, cardamome) et le lait frais de la vache, soit du the clair au romarin (du jardin egalement), le tout accompagne de fruits frais (pommes, bananes), parfois d'oeufs (fraichement pondus, cela va sans dire), et d'une mixture en poudre a base de cereales, tres riche, a melanger -ou non- au liquide de notre choix. C'est super nourrissant.
2) Puis, vers les 11 heures, c'est le tour du dhaal bat (riz-lentilles) habituel. Mithu porte bien son nom (Mithu signifie "sweet, good", pour ce qui a trait au gout, a l'odorat ou a l'ouie) : je ne suis toujours pas lasse de manger la meme chose tous les jours. Riz blanc (provenant des champs de la ferme), soupe de lentilles ou pois en tout genre, brocolis, patates, champignons parfois, et yaourt aux fruits et epices en guise de dessert. Le tout produit localement et biologiquement, vous l'aurez compris. :) L'alimentation est si equilibree que manger vegetarien me convient parfaitement. Parfois, il y a de legeres variations dans le menu, genre puree de legumes a base de tomates, ou legumes verts vapeurs style "cotes de blettes" sans la creme, et chaque fois, des pickles (condiments) locaux sont proposes : sauce au citron, "lapsey" (fruit local au gout genre prune-mandarine, tres bon), piments frais...
3) Vers les 16 heures, Mithu nous concocte des "snacks" divers et varies, allant des "pakodas" (beignets locaux de patates ou de legumes, frits dans de l'huile vegetale) au prridge nepalais, en passant par des popcorns (frais, du mais de la ferme) accompagnes de legumes epices, et bien d'autres choses. Le tout descendu avec des litres de the (gingembre, massala, rosemary, lemon...) .
4) Puis, le soir, vers les 19h, le dhaal bat est a nouveau a l'honneur, souvent accompagne d'un verre de lait chaud cremeux et DELICIEUX. Je n'avais pas aussi bien mange, autant, et si equilibre depuis longtemps. Je mange 2 fois plus que d'habitude, mais je ne prends pas de poids, j'ai plutot l'impression d'en perdre (tout le monde va aux toilettes 2 a 3 fois par jour. Notre digestion est grandement amelioree hahaha) !

:) Precision importante : pour VRAIMENT savourer un bon dhaal bat, ne pas utiliser de couverts. Seulement une main (la DROITE s'il vous plait. L'autre sert a l'hygiene. Ici le PQ n'est culturellement pas vraiment integre.) Alban et moi nous battons actuellement pour les dernieres feuilles du rouleau que j'ai acquis a KTM. J'espere qu'il y a un shop qui en vend dans le coin... !).
La premiere fois que j'ai mange de cette maniere, j'ai trouve super dur, m'en mettant jusque dans la paume de la main, sur mon t-shirt, et trichant parfois discretement en m'armant de ma cuillere a the quand personne ne regardait. :)
Mais au bout de quelques essais laborieux, la tache est devenue plus aisee, j'ai fini par choper le truc. Et c'est avec classe et maestria que j'engouffre a present des poignees entieres de nourriture, me servant uniquement de mes 5 doigts, sans qu'une miette ne touche ma paume. Yipeee !
Apres tout, manger avec les doigts est bien plus naturel. Let's go back to basic instincts ! ^^

_______________________________________________________________________________________________________________

 

J'adore la vie a la ferme. Hier, apres le repas, nous sommes alles visiter les fermes qui nous ete attribuees. Elles seront nos :laboratoires vivants" pour ces prochains jours. But : analyser les besoins, problemes et opportunites inherentes au lieu, proposer des ameliorations ou des solutions, mettre en exergue les capacites ou les lacunes qu'elles ont en matiere d'economie et d'integration sociale, etc. Passionnant. Toutes les fermes font partie de la communaute (brahmane) a laquelle appartient Govinda.
Petite anecdote interessante, de par son statut de Brahmane, Govinda a du passer plusieurs annees a convaincre sa mere qu'avoir des poulets a Hasera serait benefique a l'equilibre de la ferme. Les poules sont aux Brahmanes ce que les porcs sont aux musulmans : des animaux impurs et impropres a la consommation. Toute la famille est vegetarienne (tradition brahmane oblige), mais les poules sont benefiques pour la vache, dont elles nettoient l'etable, et elles produisent quantites d'oeufs qui nous sont servis durs, en omelette ou en "cutlet".
L'objectif de notre presence dans les fermes est donc egalement de faire plus ample connaissance avec leurs habitants afin de tracer quels changements seraient culturellement admis ou pas, et d'effectuer un bref descriptif agricole de l'endroit : quelle surface est cultivee, quele surface est cultivable, comment, quelle est l'orientation du lieu (nord, est, etc), son ensoleillement effectif et potentiel (genre si on coupe des arbres), son agencement, quels produits font-ils pousser et pourquoi, a quel stade ecologique sont-ils (usent-ils encore de produits chimiques, pour quelles raisons, les reduisent-ils, quelle est leur sensibilite ecologique et sanitaire) ...

C'est fou a quel point les Nepalais sont naturellement chaleureux. La famille de Yamuna notre "farmer") nous a accueilli comme si c'etait normal que 3 etrangers integrent leurs vies durant 10 jours, posant des questions tres personnelles genre "quelles sont vos relations avec votre voisinage", "avez-vous des soucis de sante", "pourquoi restez-vous dans cette ferme" ...

En rentrant, nous avons fait des jeux et je me suis fait mal au dos et aux muscles des cuisses en disputant une partie de limbo tres serree organisee par Jon. Contorsions, pyramide humaine, gym artistique nocturne, barres de rires.
Le groupe commence vraiment a s'homogeneiser. Alban et moi sommes traites comme des amis de toujours par ces 10 Nepalais qui agissent entre eux depuis le debut comme les membres d'une grande famille. En quelques jours, nous sommes devenus une micro-communaute. Le teambuilding de base exerce regulierement par Govinda n-y est pas forcement pour quelque chose. La maniere dont il s'y prend manque, a mon sens, de subtilite. Mais bon, cette impression n'est peut-etre qu'un relent cynique de mon experience de street fundraising, ou j'ai soupe du "teambuilding" a haut niveau durant presque 2 ans...

Aujourd'hui, avant d'aller visiter nos fermes, nous avons eu droit a des exercices pratiques, allant dans les differents "crops" de Hasera, et devant selectionner des plantes suffisamment bonnes pour donner des graines viables et plantables. C' est a la fois tres subtile, et tres concret. J'adore ! Puis, Govinda nous a donne un cours plutot theorique sur l'agriculture biologique et ses normes selon les differents pays. Plus que passionnant : CAPTIVANT ! Par exemple, en Suisse, les memes machines sont utilisees pour l'agriculture chimique et biologique, en raison de l'attention constante portee au lavage desdites machines, qui est effectue tres consciensieusement et de maniere a eliminer toute trace de produit "non-naturel". En inde, des outils differents doivent etre utilises car la-bas, ils sont bien moins regardants lors du nettoyage.

 

25 février 2012

17 Fevrier, Hasera Farm, Patalekhet

Tres tot (6h30 du matin?)

Reveillee a 4h du mat' par 10 Nepalais tres motives par un trek matinal. La chambre d'Alban et moi jouxte leur dortoir, et mon lit se trouve du cote du mur adjacent. Je les entends ronfler, peter, parler au telephone, et meme respirer (le mur est en tole).
Incapable de me rendormir, j'ai lu la moitie de Into The Wild avant de me decider a marcher vers le sommet de la colline escarpee et parsemee de rizieres colorees.

Devant moi, un arbre nu qui heberge une chouette naine ensommeillee. Le jour se leve peu a peu derriere un rideau de nuages alors que les mesanges locales egayent les plaines d'un piaillement enjoue.
J'ai oublie de prendre mon appareil photo. Ce n'est pas plus mal. Il ne me reste plus qu'a profiter de ces instants privilegies.

A ma gauche, les montagnes se suivent a perte de vue, de la chaine enneigee de l'Himalaya qu'on devine a peine au loin, mais dont on sent l'imposante presence, aux sommets moins eloignes de la vallee, qui prennent de jolies teintes ocrees. Entre deux, des nuances de couleurs allant du gris pale au violet fonce.
Le tout est embrume, fumee blanchatre qui masque villes et cultures, plus bas en plaine.
On dirait un tableau mouvant.
J'en fais partie, et me sens honoree devant tant de beaute.
Un chien aboie au loin, dans mon dos, fervent gardien de la ferme avoisinante qui s'eveille peu a peu au chant du coq.
A ma droite, enfin, la foret de pins dans laquelle je projette de m'enfoncer un moment avant d'atteindre le sommet du petit pic.

Sommet

En me dirigeant vers la foret, j'ai ete poursuivie par le chien de la ferme qui m'aboyait dessus de maniere peu engageante. Parvenu a moi, il a flaire mes vetements en grognant d'un air mefiant, puis ma main tendue... Avant de la lecher, et de me sauter dessus en battant de la queue et en jappant joyeusement ! Leger coup de flip (il n'y avait personne aux alentours) avant de realiser qu'il se montrait en fait super amical.
Puis, a l'oree du bois, j'ai apercu un mec accroupi de dos. Besoin physiologique matinal, effets sonores integres. Ne sachant pas vraiment comment reagir (il se trouvait sur mon chemin), je me suis arretee et ai fait face a la vallee, genre j'admire le paysage. Lorsque je me suis a nouveau retournee pour reprendre mon ascension, il remontait son pantalon, m'offrant une vue imprenable sur son honorable fessier autochtone. Mythique !
                                                            -------------------------------------------------------------------

Le soleil s'est leve alors que je progressais a pas lents mais reguliers dans la foret. Grosse boule orange encore timide, il a pris de la hauteur, etalant sa blanche lumiere sur toute chose, alors que les epines soyeuses des pins (15cm), soulevees tendrement par une brise maternelle, effleuraient mes cheveux.
(Non je n'ai rien fume, je me sens d'humeur lyrique ^^ ...)
Je suis assise sous l'arbre situe au point culminant de la butte, et mon visage encore engourdi s'eveille peu a peu sous la tiede caresse des premiers rayons. Des hirondelles se poursuivent, par jeu ou par instinct, et l'air, - quel lit pour leurs ebats! -, s'echauffe progressivement.
Et je suis bien, si bien, que je n'ai plus jamais envie de rentrer. De toute facon, je suis totalement libre.
Chez moi, c'est partout. Je suis heureuse.

______________________________________________________________________________________________________________

 

17h

Depuis quelques jours, je vis une immersion totale dans la culture nepalaise.
Avant hier, 2 autres participants sont arrives, et nous avons ete divises en 4 groupes de travail, comportant chacun 3 personnes.
Je suis avec Git, un vieux paysan d'une soixantaine d'annees qui vit dans la vallee, et Ram, un jeune de 25 ans a l'anglais approximatif qui vient de Pokhara et travaille pour le compte de l'ONG "World Vision", structure humanitaire chretienne dont j'avais entendu parler en termes mitiges en raison d'un certain fondamentalisme religieux de leur part, lors de mon experience de street fundraising.
Cela fait tout de meme plaisir de constater que les fonds leves en Suisse par des jeunes traites comme de la merde par leurs employeurs, consideres comme des parasites urbains par leurs pairs, et honteusement sous-payes servent rellement a quelque chose. Ram m'a un peu parle de son travail, et les actions menees sur le terrain (en tout cas au Nepal) me semblent pleines de bon sens et tres concretes.

La moitie du groupe environ parle anglais, et l'autre pas du tout. Certains ont fait des etudes, ont travaille a l'etranger, et d'autres  ne savent pas lire. Mixite pour le moins interessante. J'admire la capacite de Govinda, le mari de Mithu, a trouver un terrain commun d'apprentissage a tout ce beau monde. Donner une formation sensee a un groupe aussi heteroclite ne doit pas etre facile.
Parmi les autres Nepalais avec lesquels j'ai sympathises, il y a notamment "Ganga Laxmi", Neplaaise de 37 ans ayant etudie au Canada, assistante de recherche dans une ONG locale pour le developpement durable agricole, l'education et les droits des femmes, avec laquelle je risque de monter un projet de fundraising pour la Suisse. Je suis tres engouee par l'idee.
Apres la formation, elle me fera visiter le siege de l'organisation qui se trouve a KTM, afin que nous parlions avec son directeur de projets.
J'ai aussi beaucoup parle avec Ruchiu, la 3e et derniere femme (en me comptant) du groupe. Celle-ci est agee de 26 ans et a vecu durant 10 ans en Australie, bossant notamment dans la finance. Aujourd'hui elle a decide de rentrer au pays afin de mener une vie plus proche de la nature. Elle a pour ce faire achete un terrain a Chitwan, Terai, avec son frere, qu'ils vont transformer en zone agricole (PERMACULTURE bien sur!) . A 26 ans, c;est la un beau projet a mener sur le long terme!
Il y a aussi Rabindra, 29 ans, tres sympathique, qui bosse dans le commerce de gingembre bio, Jon, un Anglais arrive il y a 2 jours, qui ne suit pas la formation mais passe quelques jours a la ferme. Il nous fait tous beaucoup rire avec son humour... anglais.

Hier, Alban, Jon, Rabindra, Ram et moi avons ete "boire un verre apres la journee de cours. "Boire un verre" signifiant marcher quelques centaines de metres jusqu'a l'echoppe la plus proche et commander du "Rawksi" (xeres local), breuvage legerement liquoreux, pas bon, mais qui fait rapidement danser le cerveau. C'est tres trompeur : apres avoir fini mon verre (un seul), je me suis sentie tres rechauffee et super joyeuse... :)
Heureusement, le dhaal bat (notre pitance bi-quotidienne) de Mithu a calme tout cela.

                                                                        

 

 

 

 

25 février 2012

14 fevrier, Hasera Farm, Patalekhet

12 fevrier
Journee passee agreablement. Apres une heure de cheval tres physique (Samba, un hongre tetu dote d'un tres mauvais dresseur) a me balader aux alentours du lac en compagnie dudit dresseur qui ne cessait de me faire tourner un join leger, ce qui me mettait encore plus de batons dans les roues pour motiver Samba a avancer, je suis partie faire un saut en parapente avec Cam.
Experience vivifiante et bien moins effrayante qu'on ne pourrait l'imaginer. "Sport extreme", cette activite ne fait qu'en porter le nom. En pratique, j'ai couru le long d'une petite corniche (mon binome Nepalais accroche derriere moi) jusqu'a rencontrer le vide. Pas de vertige, une lente elevation tres agreable au sommet des collines, offrant comme vous pouvez l'imaginer une vue imprenable sur la vallee de Pokhara. Le vol a dure une heure, mais au bout de 40 minutes j'ai commence a avoir des nausees, dues aux mouvements saccades de l'engin. Beaucoup de stagnations, petites elevations progressives puis une descente en spirale tres rude pour l'atterrissage, le tout au dessus de l'etincelant Phewa Tal. J'ai cru que j'allais rendre mon petit dej (un chicken Manchurian) durant ces 10 secondes qui m'ont parues tres longues. L'atterrissage a proprement dit s'est fait en douceur, meme si une fois au sol, je suis restee hebetee durant quelques minutes :) ... C'etait tres interessant d'observer les rizieres, les batiments et les collines depuis si haut. Avoir les pieds dans le vide est une sensation indescriptiblement agreable.
Partie trop tard pour la station de bus, avec 500 roupies en poche (le reste de mon argent se trouve chez mes contacts de KTM), j'ai du a regrets rebrousser chemin. Sur mon passage, des gamins qui sniffaient de la colle ouvertement, des bus a la trajectoire incertaine et des vendeurs de rue agressifs. J'etais fatiguee.
Je suis restee une nuit de plus a Pokhara, rentrant penaude a Lakeside, et saoulee aussi : mon manque de timing m'a fait rater le mariage nepalais auquel Kushal nous avait invites dans la vallee.
13 fevrier
J'ai passe ma journee du lendemain enfermee pendant 7 heures dans un microbus cahotant, sympathisant avec 2 Nepalais (une jeune Brahmane de mon age et un ado du village de Gurkha, qui voyageait en compagnie de sa mere, une petite femme replete au sourire lumineux qui semblait enchantee de voir son fils parler anglais meme si elle ne saisissait pas un traitre mot de la conversation) . Ils m'ont propose de m'heberger chez eux si je viens visiter le village de Gorka un jour. Nice !
Arrivee a KTM, je suis passee chez Alban pour recuperer quelques affaires, en prevision de notre sejour qui debutait le lendemain : 12 jours de formation en permaculture a Patalekhet. J'etais assez emmerdee car c'etait Maya qui avait mon argent et je n'arrivait pas a la joindre. Qu'a cela ne tienne, la magie de KTM a fait son effet encore une fois. A peine rentree a ma lodge, Alban m'appelle pour me dire qu'il est avec Guillaume (Gom) et que celui-ci va voir Maya et Anna (elles habitent ensemble). Je les ai donc rejoints (ils etaient dans un resto local juste au bas de ma guest) et j'ai accompagne Guillaume chez elles. En chemin, nous avons croise Alizee et ses amis Nepalais sur les marches d;un des temples de Durbar Square. C'est fou ce que le monde est petit :)
La maison qui heberge Maya et Anna (celle de leur patron, qui travaille pour APC, une association humanitaire locale) est magnifique. C'est celle de l'ex-1er ministre, cuisine de marbre et larges pieces, portail immense et quartier calme. Sympathique moment passe a parler avec Maya, Anna, Jessica et Gom, qui nous a exhibe l'enorme et magnifique bol tibetain qu'il a recemment acquis. Le son qu'il fait est magnifique.
14 fevrier

Alban et moi avons quitte la capitale sur le coup des 7h du matin, les rues commencaient deja a s'animer. Sur le chemin pour aller a la station de bus, j'ai eu la chance (ceci est ironique) de voir un rat tomber du ciel a quelques centimetres devant moi alors que je marchais. Ah, les surprises de Kathmandu !
Arrives a Hasera (la ferme ecologique), nous avons eu la surprise de constater que nous etions les seuls Europeens : tout le reste du groupe est nepalais.
Ce premier jour s'est bien passe, nous avons eu droit a une sensibilisation ecologique tres basique. Certaines personnes ont un diplome d'etudes, ou ont travaille a l'etranger, d'autres ne savent pas lire, certains sont fermiers depuis de longues annees et d'autres (moi) n'ont jamais plante quoi que ce soit. Il est donc dur pour Govinda, le mari de Mithu, d'equilibrer tout cela. Malgre cela, j'aime beaucoup l'esprit general de la formation. Govinda tient a ce que chacun integre la philosophie intrinseque a la permaculture, et que cette formation ne soit pas qu'une diffusion massive d'informations pratiques. J'acquiesce donc, et je prends mon mal en patience lorsqu'il parle de rechauffement climatique (des trucs que nous savons depuis la primaire) a des gens pour qui c'est totalement nouveau.
Ici, pas de douche ni de salle de bain, les chambres possedent un sol en terre battue et les lits sont durs comme du bois - c'est du bois. Avec une mince couverture dessus - . Pour nous laver, il faut faire chauffer de l'eau, puis la melanger a de l'eau froide et nous laver avec une petite carafe de plastique avec laquelle puiser le tout. Pour ce faire, il y a une petite cabine aux parois de tole metallique et au sol... de terre battue. Le tout au fond de la partie "jardin". Pittoresque.

Publicité
Publicité
1 2 3 4 > >>
Mon voyage au Nepal
Publicité
Archives
Publicité